Validation d’un brevet européen en Tunisie

Après le Maroc, la Tunisie a signé un accord avec l’Organisation Européenne des Brevets relatif à la validation des brevets européens. A compter du 1er décembre 2017, il est désormais possible d’étendre les effets d’un brevet européen sur le territoire tunisien.

La requête en validation ne sera acceptée que pour les demandes de brevet européen et pour les demandes internationales PCT déposées à compter du 1er décembre 2017. Il est à noter que la taxe de validation s’élève à 180 €. De plus amples informations sont disponibles dans le Journal Officiel.

Enveloppe Soleau : avantages et inconvénients

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Depuis décembre 2016, l’INPI propose le service e-Soleau permettant notamment de déposer en ligne un descriptif technique de votre invention pour 15 €/10 Mo. C’est l’occasion de rappeler quelques points importants.

L’enveloppe Soleau et le service e-Soleau sont des solutions certifiées d’archivage (durée : 5 ans, renouvelable une fois) permettant de prouver la date de votre invention et le fait que vous en êtes l’inventeur. L’avantage essentiel de ces solutions est leur prix attractif par rapport à un pli d’huissier.

L’objectif est de pouvoir justifier d’une possession personnelle antérieure (PPA) de l’invention. En effet, en droit français, un titulaire d’un brevet ne peut pas interdire l’exploitation de l’invention, objet du brevet, à une personne justifiant d’une PPA de l’invention. Il convient néanmoins de rédiger avec soin un descriptif technique de l’invention le plus détaillé possible afin de démontrer ultérieurement la PPA.

L’inconvénient majeur de l’enveloppe Soleau est l’absence de titre de propriété industrielle conféré. Ainsi, l’enveloppe Soleau ne donne aucun droit d’exclusivité pour exploiter l’invention. En d’autres termes, l’enveloppe Soleau n’empêche ni l’exploitation de l’invention par un tiers, ni l’obtention d’un brevet sur l’invention par un tiers. Par conséquent, il existe peu de cas où le dépôt d’une enveloppe Soleau apparaît opportun.

D’une part, si votre invention est importante dans la stratégie de votre entreprise, il est clair que le dépôt d’une demande de brevet s’impose. D’autre part, si votre invention est mineure et que nous ne souhaitez pas l’exploiter directement, ou indirectement par un licencié, il est sans doute plus pertinent de la rendre publique afin d’empêcher un concurrent de déposer une demande de brevet, ce qui est impossible avec une enveloppe Soleau. Le dépôt d’une enveloppe Soleau peut être opportun dans le cas d’une invention importante, mais pas assez mûre pour un dépôt d’une demande de brevet.

Demande PCT : quels sont les États contractants ?

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A l’heure actuelle, le Traité de Coopération en matière de Brevets (PCT) est signé par 151 Etats. La couverture géographique d’une demande PCT est quasi-mondiale.

Toutefois, à titre d’exemples, les états suivants n’ont pas signé le PCT :

  • Amérique du sud : Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie, Suriname, Guyane, Venezuela
  • Afrique : Sahara occidental, République démocratique du Congo, Sud-Soudan, Ethiopie, Somalie, L’Erythrée
  • Asie : Yémen, Jordanie, Irak, Pakistan, Afghanistan, Népal, Bangladesh, Bhoutan, Myanmar, Timor Oriental, Taïwan.

Nous avons mis en gras les pays qui, de par leur économie, sont susceptibles de présenter un intérêt pour un dépôt de brevet. Le cas échéant, il est nécessaire de déposer un brevet directement auprès des offices concernés.

Il est à noter que la République démocratique du Congo peut quand même être désignée via l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), tandis que la Somalie peut être désignée via l’Organisation Régionale Africaine de la Propriété Intellectuelle (ARIPO).

Edit : la Jordanie devient le 152ème Etat contractant du PCT, avec une prise d’effet depuis le 09 juin 2017.

Brevet américain : 5 choses à savoir !

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(1) Inventeur premier déposant

La loi américaine a été modifiée radicalement le 16 mars 2013 afin de déterminer qui possède le droit au brevet. Il s’agit désormais de l’inventeur qui a déposé le premier (first-inventor-to-file), et non plus du premier inventeur dans l’absolu.

La nouvelle loi conserve la disposition selon laquelle l’inventeur doit être le véritable et authentique inventeur. La sanction à ce manquement est terrible : le brevet est rendu inopposable, et est donc sans effet. Par conséquent, il faut veiller à indiquer les personnes qui ont réellement contribué à la conception de l’invention, et non à sa simple réalisation.

(2) Période de grâce

La nouvelle loi conserve le délai de grâce de 12 mois qui exclut de l’art antérieur opposable la propre divulgation de l’inventeur ainsi que la divulgation d’un tiers. Par conséquent, si vous avez divulgué votre invention par mégarde avant un dépôt de brevet, il est toujours possible d’avoir une protection aux Etats-Unis.

(3) Conduite inéquitable

Le déposant est tenu de se comporter avec franchise et bonne foi (duty of candor and good faith) dans ses relations avec l’office américain (USPTO). Le déposant est également tenu de communiquer à l’office américain tous les documents pertinents en sa possession pour juger de la brevetabilité de l’invention (material to patentability). Il s’agit d’une obligation de divulgation (duty of disclosure).

Le manquement à cette obligation de divulgation, conjugué à une intention de tromper délibérément l’office américain, conduit également à une sanction terrible : le brevet est rendu inopposable, et est donc sans effet. Par conséquent, il faut veiller à rassembler tous les documents pertinents lors du dépôt d’un brevet américain, et de les déclarer sous la forme d’un IDS (Information Disclosure Statement).

(4) Dommages-Intérêts punitifs

Une particularité du système judiciaire américain est d’accorder des dommages-intérêts dont le montant peut être supérieur au véritable préjudice subi. En particulier, le fait de contrefaire délibérément un brevet américain peut conduire le juge américain à tripler les dommages-intérêts (Treble Damages). Par conséquent, si vous avez connaissance d’un brevet américain pertinent, il est fortement recommandé de demander une opinion de liberté d’exploitation (Freedom-to-Operate) à un Conseil américain avant de commercialiser aux Etats-Unis.

(5) Non-évidence, activité inventive

L’appréciation de la non-évidence (ou activité inventive) d’une invention a été profondément modifiée en 2007 après une décision (KSR) de la Cour suprême.  Depuis lors, l’examinateur américain peut combiner plusieurs documents de l’état de la technique, éventuellement issus de domaines éloignés de l’invention, et ce sans devoir justifier d’une incitation quelconque. Cette appréciation de l’activité inventive est très différente du système européen, si bien qu’il est assez courant d’obtenir la délivrance d’un brevet américain avec des revendications sensiblement différentes de celles du brevet européen.

Brevet européen : quels sont les États membres ?

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Il existe 38 Etats membres qui ont signé la Convention sur le Brevet Européen (CBE). Ces états ne sont donc pas tous membres de l’Union Européenne. On notera par exemple le Royaume-Uni (depuis le Brexit), la Suisse et la Norvège.

La portée territorriale s’étend même au-delà de l’Europe géographique avec la Turquie.

Enfin, il est même possible de valider un brevet européen au Maroc depuis le 1er mars 2015.

Edit : Il est également possible d’étendre les effets d’un brevet européen en Tunisie depuis le 1er décembre 2017.

Brevet canadien : période de grâce possible !

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La loi canadienne prévoit un délai de grâce de 12 mois qui exclut de l’art antérieur opposable la propre divulgation de l’inventeur ainsi que la divulgation d’un tiers.

Par conséquent, si vous avez divulgué votre invention par mégarde avant un dépôt de brevet, il est toujours possible d’avoir une protection au Canada.

Brevet français : la Métropole et l’Outre-Mer !

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La France comporte des territoires situés en dehors de l’Europe avec des statuts différents :

  • 5 départements et régions d’outre-mer (DROM) : Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, et Mayotte,
  • 5 collectivités d’outre-mer (COM) : Saint-Barthélémy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Polynésie française, et les îles Wallis-et-Futuna,
  • la Nouvelle-Calédonie, collectivité sui generis,
  • les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

En l’état, le brevet français couvre l’ensemble de ces territoires, excepté la Polynésie française depuis 2014. Il est toutefois possible d’étendre la portée géographique du brevet français à ce territoire en acquittant une redevance de 300 € à l’INPI lors du dépôt de la demande de brevet français.

Enfin, il est à noter que la Nouvelle-Calédonie a également décidé en 2013 de transférer la compétence en matière de propriété industrielle à son gouvernement local mais les dispositions ne sont pas encore en vigueur. Dans l’intervalle, le brevet français couvre ce territoire.

OAPI, ARIPO : quels sont les États membres ?

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L’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) comporte 17 Etats membres (en bleu cyan sur la carte), essentiellement francophones, dont la liste issue de Wikipedia est reproduite ci-dessous.

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L’Organisation Régionale Africaine de la Propriété Intellectuelle (ARIPO) comporte 19 Etats membres (en bleu foncé sur la carte), essentiellement anglophones.  La Somalie est un membre inactif avec un bureau de la propriété intellectuelle qui n’est pas opérationnel pour l’instant. Le Rwanda et Sao Tomé-et-Principe sont à ajouter à la liste ci-dessous, issue de Wikipedia.

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Brevet australien : période de grâce possible !

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La loi australienne prévoit un délai de grâce de 12 mois qui exclut de l’art antérieur opposable la propre divulgation de l’inventeur ainsi que la divulgation d’un tiers.

Par conséquent, si vous avez divulgué votre invention par mégarde avant un dépôt de brevet, il est toujours possible d’avoir une protection en Australie.

Brevet français : secret défense !

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L’Etat français est en droit d’exproprier une invention lorsque celle-ci présente un intérêt pour la défense nationale. Cette expropriation se traduit par une mise au secret contrainte et forcée, en contrepartie d’une indemnisation.

A titre indicatif, la Direction Générale de l’Armement (DGA) publie une liste de technologies susceptibles d’intéresser la défense nationale. Cette liste inclut les armes, munitions, explosifs, matériels et équipements utilisés dans des situations de guerre, de maintien de l’ordre, de protection ou encore de sécurité.

Nous avons extrait ci-dessous les technologies qui n’ont pas intrinsèquement une seule visée militaire, mais qui peuvent néanmoins intéresser la défense nationale :

  • matériaux et composés chimiques destinés à des applications militaires (notamment alliages et céramiques en structure ou en revêtement),
  • détection de matières explosives, nucléaires ou dangereuses,
  • ingénierie de matières nucléaires ou biologiquement dangereuses,
  • techniques et protections nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques (NRBC),
  • techniques de séparation isotopique et d’enrichissement de l’uranium,
  • détection et localisation d’objectifs,
  • engins terrestres, aéronautiques ou navals d’observation sans pilote,
  • systèmes de commandement, de contrôle de communication et de renseignement,
  • équipements photographiques et d’observation militaire,
  • cryptage, décryptage et techniques de protection du secret,
  • moyens de calculs destinés à des applications militaires,
  • technologies de communication, signalement, identification, navigation et pilotage pour les applications militaires,
  • antennes et circuits associés pour des systèmes militaires,
  • radar, sonar et systèmes analogues,
  • matériel radiologique destiné à des applications militaires ou de sécurité,
  • dispositifs à énergie dirigée,
  • composants et dispositifs électroniques, optoélectroniques, infrarouges… destinés à des applications militaires.
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